Cette directive établit un cadre commun de responsabilité en vue de prévenir et de réparer les dommages causés aux espèces et habitats naturels protégés, aux ressources en eau, ainsi que les dommages affectant les sols. Le régime de responsabilité s'applique, d'une part, à certaines activités professionnelles explicitement énumérées présentant un danger pour la santé humaine ou l'environnement qui engagent la responsabilité de l'exploitant sans qu'il ait commis de faute, et d'autre part aux autres activités professionnelles lorsque l'exploitant a commis une faute ou une négligence. À ce titre, elle impose que les exploitants responsables prennent eux-mêmes ou financent les mesures nécessaires de prévention ou de réparation du dommage.
C'est dans ce cadre que le 6 novembre dernier, le ministère de l'écologie et du développement durable avait mis en ligne sur son site Internet les avant-projets de loi et de décret transposant cette directive pour les soumettre à consultation. À l'issue de cette consultation qui a pris fin, le 27 novembre dernier, le projet de loi devait être délibéré par le Conseil des ministres avant soumission au Parlement. Aujourd'hui c'est chose faite puisque la ministre de l'Écologie et du Développement durable, Nelly Olin vient, de le présenter en conseil des ministres.
Selon la ministre, ce projet vise à prévenir et à réparer les dommages écologiques graves causés à la qualité des eaux de surface et souterraines, à la pollution des sols ainsi qu'aux espèces et habitats naturels protégés. Il impose la réalisation des mesures de réparation permettant le retour des milieux naturels affectés dans l'état qui était le leur au moment où est survenu le dommage. Ces mesures concernent les activités dangereuses visées par la directive même si aucune faute n'a été commise, et l'ensemble des activités ayant causé des dommages aux espèces et habitats naturels protégés si une faute est établie. En imposant à l'exploitant de l'activité, causant ou risquant de causer des dommages à l'environnement, de prendre à ses frais les mesures de prévention ou de réparation nécessaires, ce nouveau régime de responsabilité met en œuvre les articles 3 et 4 de la Charte constitutionnelle de l'environnement voulue par le Président de la République, indique le cabinet de la ministre. Il étend ainsi le principe « pollueur-payeur » à l'ensemble des activités susceptibles de causer des dommages graves à l'environnement, ajoute la ministre.
Malgré ces propos rassurants, les organisations de protection de l'environnement s'alarment au contraire des insuffisances de cette transposition. Selon elles, le projet de loi du gouvernement reprendrait encore des dispositions qui permettraient de limiter la responsabilité des exploitants à l'instar du manque d'indication claire permettant d'impliquer l'actionnaire principal en cas de pollueur insolvable. À ce titre, les associations estiment que par certains aspects, elle entraînerait même un recul du droit de l'environnement en France et constituerait une sérieuse atteinte au principe « pollueur-payeur ». Ce projet de loi ne fait rien pour renforcer le principe pollueur payeur et comporte de nombreuses causes de régression du droit de l'environnement français, souligne Roxane Roger-Deneuville, Juriste au WWF. La loi de transposition est un texte très important pour mettre en œuvre les articles 3 et 4 de la charte de l'environnement en instituant un régime de réparation du dommage écologique. Le projet de loi n'est pas à la hauteur. Ce n'est pas la peine d'inscrire ce droit fondamental dans la Constitution si c'est pour ne pas l'appliquer, constate quant à lui Jean-Jacques Blanchon de la Fondation Nicolas Hulot.
Les associations demandent de ce fait au gouvernement de retirer son projet de loi et de le modifier en profondeur. Pour elles il est de la responsabilité politique de nos décideurs publics de nous dire ce qu'ils feront de ce texte qui devra être discuté sous la prochaine législature. Ils devront également nous donner leur conception du principe pollueur payeur.